• Bio Consom'info n°67 : BIO CONSOM'ACTEURS Du courage politique

     

    Bio Consom'info n°67 – Novembre 2013


    Du courage politique


    Le projet de loi d’avenir pour l’agriculture, l'alimentation et la forêt a été présenté le 13 novembre en conseil des ministres. Stéphane Le Foll  aura beau avoir beaucoup parlé d’agroécologie en 2013, lançant un plan Ambition bio 2017 qui vise à doubler les surfaces en bio d'ici quatre ans, nulle mention dudit plan dans son projet de loi. Oubli ? L'assemblée nationale aura fort à faire, dans les semaines à venir, pour y rétablir la présence de l’agriculture biologique. Et Bio Consom’acteurs encourage le ministre à rester sur sa position initiale. Surtout dans un contexte où l'Etat nous envoie des signaux contradictoires sur sa vision de la transition.

    Entre, d’une part, un gouvernement qui recule face au chiffon rouge agité par l'industrie bretonne de l'agroalimentaire, laquelle instrumentalise ouvriers, routiers, agriculteurs et PME pour maintenir en vie un système agricole productiviste dans le coma, perfusé de subventions et de défiscalisations et dont la seule vocation est d'exporter des poulets et des porcs au prix le plus bas possible (1) ; d’autre part, le projet de modification du décret sur le régime ICPE (installation classée pour la protection de l'environnement) des élevages porcins de plus de 450 têtes, qui n'auraient plus besoin d'autorisation préfectorale pour voir le jour –fini les études d'impact des rejets de lisier dans l'environnement, fini les enquêtes publiques et vive les algues vertes; ou encore le chantier en cours de construction d’une exploitation laitière au nord d’Abbeville, dans la Somme, véritable usine à lait avec un millier de vaches  - vingt fois plus qu’une exploitation laitière moyenne française - qui ne fouleront jamais un pâturage de leur vie... Sans être exhaustive, cette liste nous interroge sur la conception de l’acte nourricier que l'on se fait dans notre pays.

    Plus qu’un slogan, l’agroécologie est un choix de société qui implique du courage politique. Certains élus locaux l’ont eu, ce courage, nous en avons eu un aperçu lors du colloque organisé par le club parlementaire Objectif bio, le 12 novembre dernier au Sénat. Ainsi à Lons-le-Saunier (Jura), dans les années 80, l’eau était tellement chargée de phytosanitaires que le maire est allé chercher les agriculteurs des zones de captage, pour qu’ils améliorent leurs pratiques. En Poitou-Charentes, des élus locaux, les agences de l’eau et la chambre d’agriculture ont initié le programme Re-sources, qui incite là encore les agriculteurs à se tourner vers la bio. Citons également la ville de Toulouse (Haute-Garonne), dont le maire a choisi en 2009 d’alimenter progressivement ses cantines en produits bio et locaux, via sa régie agricole municipale, particularité qu’elle partage avec la commune de Mouans-Sartoux (Var).

    De telles initiatives montrent que les élus sont capables de répondre aux enjeux sociétaux que sont l’emploi, la préservation des terres nourricières, la conservation de la biodiversité, la création de lien social sur les territoires et la meilleure santé des mangeurs. Et qu’ils peuvent se faire l’écho de la demande citoyenne : celle qui (ré)invente les circuits alimentaires alternatifs à la grande distribution, avec ses amaps, ses coopératives d’achat, ses jardins partagés et ses incroyables comestibles. A condition d’avoir le courage de les entendre.

    Diana Semaska, pour Bio Consom'acteurs

    (1)  voir la liste des bénéficiaires des aides de la politique agricole commune à l’exercice 2012 ici. Le volailler Doux (plus connu sous le nom de Père Dodu) a ainsi bénéficié de 55 millions d’euros. Père Dodu serait le plus gros exportateur européen de volailles. Au total, la France perçoit 9 milliards d’euros d’aides, réparties parmi quelque 500 000 exploitations agricoles.

     

     


    RÉINVENTONS L'HUMANITÉ, D'ALBERT JACQUARD

    Quelques semaines avant sa mort, Albert Jacquard, grand généticien et philosophe, a publié ce petit ouvrage, qui questionne, sous forme de témoignages et de questions-réponses avec une journaliste, notre condition d'humain. En ces temps d'intolérance, une centaine de pages qui nous envoie une bouffée d'espoir.



    LA FILIÈRE BIO, SOURCE D'EMPLOIS POUR NOS TERRITOIRES

    Le club parlementaire Objectif bio a tenu un colloque le 12 novembre au Sénat. Des agriculteurs, des élus, un représentant de Sodexo et un spécialiste de la nutrition ont croisé leurs regards sur la bio et l'emploi. Voici quelques initiatives déployées dans la Drôme, en Ille-et-Vilaine et en Poitou-Charentes, pour changer d'agriculture...



    LA FILIÈRE BIO, SOURCE D'EMPLOIS DANS NOS TERRITOIRES (SUITE ET FIN)

    Les consommateurs bio sont-ils plus riches que la moyenne? A quoi sert la viticulture biodynamique ? Comment retrouver une qualité correcte d'eau potable quand celle-ci est polluée par des pesticides et des nitrates? Des sujets évoqués lors du colloque du club Objectif bio, tenu à Paris le 12 novembre. Voyez comme des élus peuvent bouger, et dans le bon sens.



    LES LIENS DE L'EFSA AVEC L'INDUSTRIE ENCORE REMIS SUR LE TAPIS

    L'autorité européenne de sécurité sanitaire des aliments (Efsa), qui donne des avis sur l'innocuité des OGM, aurait amélioré sa politique de gestion des conflits d'intérêt parmi ses experts scientifiques. Une association d'observation des lobbies en Europe est allée vérifier si cette politique était efficace. Elle fut surprise.



    LA BIO, DES EMPLOIS ET DES VALEURS

    La bio emploie deux fois plus de main-d'oeuvre que l'agriculture conventionnelle, et d'après une note de synthèse de l'Inra, elle fait bosser les gens plus dur. Mais avec le sourire.



    GOÛTERS GOURMANDS

    Un chocolat chaud épais à la cannelle, des muffins avec de la crème de châtaigne qui couuule, un pain d'épices et des palets au sésame, voilà la façon qu'a Noémie de voir l'automne. Nous on adore, et on sait que vous aussi.



    LE SECRET-PAS-SI-SECRET-QUE-ÇA POUR AVOIR DE BEAUX CHEVEUX AU NATUREL

    Vous rêvez d'une tignasse épaisse, lustrée et pleine de vie? Et ceci, sans acheter des shampoings chimiques pleins de lauryl sulfate et autres parabens? D'abord, mangez bien. Ensuite, restez dans votre cuisine: votre futur shampoing sera au bica et au vinaigre de cidre.

     

    MERCREDI 20 NOVEMBRE 2013 /

    Ciné-débat: "Au nom de la Terre" à Epernay (51)

    JEUDI 21 NOVEMBRE 2013 /

    Festival international de photo de nature à Montier-en-Der (52)

    VENDREDI 22 NOVEMBRE 2013 /

    Festival Alimenterre: projection-débat "Taste waste" à La Motte (83)

    SAMEDI 23 NOVEMBRE 2013 /

    Inauguration d'un nouveau jardin partagé à Reims (51)

    SAMEDI 23 NOVEMBRE 2013 /

    Concours de soupe à St-Brice-Courcelles (51)

    SAMEDI 30 NOVEMBRE 2013 /

    Fest'Nef gourmand à Segonzac (16)

    SAMEDI 30 NOVEMBRE 2013 /

    La nature et nous, une aventure au coeur du vivant! Conférence à Paris

    JEUDI 7 NOVEMBRE 2013 /

    Atelier cosmétiques à faire soi-même, à Châteaubriant (44)

    MARDI 17 DÉCEMBRE 2013 /

    Colloque "Alerte, expertise et démocratie" à Paris
     

  • http://www.collectif-carmen.org/

    Collectif CARMEN contre les huiles de schiste en Picardie: Ni Ici, ni Ailleurs!

     


  • http://combat-monsanto.org/spip.php?article1033 

     

    Rapport de l’ONU appelle au soutien de l’agriculture paysanne et de l’agroécologie : c’est le moment d’agir !

    Communiqué de presse de La Via Campesina ∕ GRAIN ∕ ETC

    (Harare, 23 septembre 2013) La Via Campesina, GRAIN et ETC saluent un nouveau rapport de la CNUCED qui déclare que l’agriculture, dans les pays riches comme dans les pays pauvres, devrait effectuer une transition des monocultures vers une plus grande diversité de cultures. Une diminution de l’usage des engrais et des autres intrants, un soutien renforcé aux petites structures agricoles, une production et une consommation alimentaires relocalisées y sont aussi prônés. Plus de 60 experts internationaux ont contribué à ce rapport, publié la semaine dernière.

    Le rapport sur le commerce et l’environnement 2013 de la CNUCED ("Wake up before it is too late : make agriculture truly sustainable now for food security in a changing climate") affirme que les monocultures et les méthodes agricoles industrielles ne fournissent pas assez de nourriture abordable là où celle-ci est nécessaire, tout en causant des dommages environnementaux croissants et non viables.

    Soit rien d’autre que la ligne d’argumentation que Via Campesina, GRAIN et le groupe ETC défendent depuis plus de vingt ans  [1] . Ces organismes ont contribué à la rédaction de certains des chapitres du rapport CNUCED et ils ont désormais formé un partenariat visant à faire progresser l’agroécologie et l’agriculture paysanne en tant qu’alternatives. [2]]

    Ces dernières années, nous avons vu paraître un flux régulier de rapports de haut niveau émanant du système des Nations unies et d’agences de développement qui plaident en faveur des petits agriculteurs et de l’agroécologie. De toute évidence, la reconnaissance internationale du fait qu’il s’agisse là du seul moyen pour résoudre la crise alimentaire et climatique avance, mais cela ne s’est pas encore traduit par des mesures réelles sur le terrain, où les paysans sont confrontés à toujours plus de marginalisation et d’oppression.

    « Bien avant la parution de ce rapport, les petits agriculteurs du monde entier étaient déjà convaincus qu’il nous faut absolument une agriculture diversifiée pour garantir une production alimentaire locale équilibrée, défendre les moyens de subsistances des gens et respecter la nature. Pour atteindre cet objectif, il est primordial de protéger l’immense diversité des semences locales, ainsi que les droits qu’ont les paysans sur leur utilisation. En tant que petits agriculteurs, nous nous battons pour préserver nos semences autochtones et notre connaissance des systèmes agricoles » dit Elizabeth Mpofu, coordinatrice générale de La Via Campesina.

    De plus en plus d’indices prouvent que le système alimentaire industriel est non seulement incapable de nourrir la planète, mais également que certaines des crises sociales et environnementales mondiales les plus urgentes lui incombent. « Le système alimentaire industriel est directement responsable d’à peu près la moitié des émissions globales de gaz à effet de serre, comme le démontre notre contribution au rapport CNUCED, » explique Henk Hobbelink, de GRAIN. « Nous ne résoudrons pas la crise climatique sans nous confronter au système alimentaire industriel et aux grands groupes qui l’étayent. Nous devons plutôt nous tourner vers une agroécologie paysanne. »

    Et Pat Mooney, du groupe ETC, d’ajouter : « La chaîne alimentaire industrielle utilise entre 70 et 80 % des terres arables mondiales pour ne produire que 30 à 40 % des aliments que nous mangeons. Pendant ce temps, les paysans, les vrais producteurs alimentaires, sont dessaisis de leurs terres, et de considérables préjudices écologiques en résultent. Il est clair que ce n’est pas comme cela que nous nourrirons la planète. »

    Il est temps de traduire les documents politiques en actions véritables et les gouvernements, à tous les niveaux (des pouvoirs publics locaux aux organes internationaux) sont responsables de la prise des bonnes décisions à cet égard. Nous invitons la communauté internationale à nous rejoindre dans la lutte pour la souveraineté, à résister à la mainmise des grandes entreprises sur notre système alimentaire, et à soutenir l’alimentation mondiale par les paysans, les paysannes et autres petits producteurs alimentaires.

    Le rapport ici

    Source : La Via Campesina, le 23 sept 2013





    [1] La Via Campesina est le mouvement mondial des paysannes et des paysans qui luttent pour la souveraineté alimentaire. GRAIN et Groupe ETC sont des organisations internationales qui se battent contre le système alimentaire industriel et qui apportent leur soutien aux alternatives paysannes. Leurs forces sont désormais jointes en un partenariat visant à faire progresser l’agroécologie paysanne

    [2] La CNUCED est la Conférence des Nations unies sur le commerce et le développement. Son rapport 2013 sur le commerce et l’environnement (en anglais) est téléchargeable à partir de l’adresse suivante : [unctad.org/en/PublicationsLibrary/ditcted2012d3_en.pdf->unctad.org/en/PublicationsLibrary/ditcted2012d3_en.pdf

     




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